Mouhammad Sayfouddin al-Farouqi al-Moujaddidi
Cheikh Hisham Kabbani


Par la mélodie de la flûte, Dieu appelle l’Être humain.
Nous étions tous dans Adam et nous entendîmes ces mélodies du paradis.
Bien que l’eau et l’argile aient suscité des doutes,
Nous nous souvenons encore de leurs mélodies.
Elles sont toutefois mêlées à la poussière des chagrins,
Comment donc ces notes hautes et basses
Puissent-elles générer tant de joie?

Rumi, Mathnavi

Mouhammad Sayfouddin al-Farouqi al-Moujaddidi était un Raviveur de cet ordre et un Raviveur du chemin véridique de la Sunna. Il a été gratifié par la guidance spirituelle de son grand ancêtre, Sayyidina `Oumar al-Farouq , et de son grand-père, Sayyidina Ahmad al-Farouqi . Et grâce à la bénédiction du Prophète , il réussit à répandre cet ordre dans le monde entier.
Il est né en 1055 H. / 1645 G. Ayant grandi dans la demeure de son père, Cheikh Mouhammad Massoum eut la grâce de se nourrir au lait de la connaissance de son père, de son grand-père et de ses ancêtres bénis. Accompagnant son père, il se retrouvait sur le Trône de la Guidance et suivait les traces de ses prédécesseurs. Sa maison était devenue un catalyseur de lumière pour les érudits de la religion, affluant de partout tels des phalènes. Sa connaissance subtile, sans cesse grandissante, faisait grimper sa renommée aux ultimes stations cosmiques jusqu’aux orbites des Connaisseurs, à tel point qu'il sut démystifier les Symboles de la Connaissance Cachée et d'ouvrir le Trésor des Affaires Célestes. C’est ainsi qu’il réverbérait les connaissances externes et internes, et réunissait les Novices et les Adeptes auxquels il enseignait la Connaissance du Goût (dhawq).
Son père lui ordonna de s'installer dans la ville de Delhi pour diffuser la connaissance de la Charia et la lumière de l'Araqat (l’héritage). Le Sultan lui-même, Mouhammad Alamagir, devint son disciple et, par ricochet, le peuple du royaume, les ministres et les princes devinrent ses disciples. Puis, il eut le soutien du Sultan pour se faire accepter par le royaume tout entier. Partout dans le pays, il incarnait la sounna du Prophète et inspirait l'amour de la sharaca (partenariat). Grâce à la profonde connaissance qui rayonnait de son cœur, il hissa haut le drapeau de l'islam et dissipa l'ignorance et la tyrannie du royaume.
Grâce à la compagnie de Cheikh Sayfouddin et à ses bénédictions, Allah faisait exceller le Sultan dans tous les domaines et prévenait contre toute conduite préjudiciable et illégale au sein du royaume. Ainsi, le Sultan bannit les tyrans et les oppresseurs. Il a préservé la compagnie du Cheikh et continuait d’être son disciple. Grâce aux encouragements du Cheikh, le Sultan a pu mémoriser le Saint Coran, finir ses nuits avec les obligations de l’araqat en récitant le Dhikr. Et pendant ses journées, il prenait soin de son royaume.
Le Cheikh s'évertuait à éliminer toute manifestation de misère et de tyrannie du royaume par le biais du Sultan et aurait décroché un succès remarquable à tel point que l'Inde entier vivait en paix. Il gagna le summum du respect de tous les sultans et princes, si bien qu’ils se levaient en sa présence.
Un jour, un homme se tenait avec des princes et sultans en présence du Cheikh. Ce dernier l’entendit murmurer : « Ce Cheikh est vraiment arrogant. » Le Cheikh le regarda et dit : « Vous avez raison; ma Fierté est l’effet miroir de la Fierté d'Allah. »
Un jour, un homme a remis en question les sacrées paroles du Cheikh. Cette nuit-là, il eut une vision dans laquelle il fût agressé par un groupe d'hommes. Ces derniers l'ont battu à mort en l’interrogeant : « Comment oses-tu douter du Cheikh alors qu’il est l'Amoureux de Dieu? » L’homme s'est réveillé le corps enflammé d’une douleur extrême, puis il se hâta à voir le Cheikh pour lui demander pardon.
Dans la khaniqah (centre de retraite) du Cheikh, environ 6 000 quêteurs de connaissance dormaient et mangeaient chaque jour de la nourriture qu’il leur fournissait.
Un jour, il entendit de chez son voisin la mélodie du ney (flûte de bambou). Il fût tellement enchanté qu'il perdit connaissance. À son réveil, il dit : « Pensez-vous que je suis dépourvu de compassion et d'émotion? Non! Ceux qui écoutent le ney et ne ressentent aucune compassion ni émotion sont vides. Nous sommes sensibles à la beauté des sons, car elle nous transporte immédiatement à la Présence Divine. »
Les saints entendent l’appel de Dieu sans la pollution de « la poussière des douleurs » et c’est pourquoi ils s’évanouissent à ce moment-là.
Un jour, un lépreux l’a sollicité pour une prière de guérison. Le Cheikh a soufflé sur le malade et le guérit immédiatement.
Cheikh Mouhammad Sayfouddin  rendit l’âme en 1095 H / 1684 G et fut inhumé dans la ville de Sirhind. Il a confié le secret de la Chaîne d'Or a l’auguste Cheikh Nour Mouhammad al-Badawani .