Le dhikr silencieux
est celui du serviteur qui s’isole à l’écart des gens. abu
sa`id al-khudri raconte (rapporté par bukhari) :
Un bédouin vint
voir le Prophète (que la paix et la bénédiction
de Dieu soient sur lui) et lui dit : " O Apôtre de Dieu
! Qu’est-ce qui est le meilleur de l’humanité ? " Le
Prophète répondit : " Un homme qui combat pour
la cause de Dieu avec sa vie et ses biens, et aussi un homme qui vit
seul sur un chemin de montagne parmi les chemins de montagne pour adorer
son Seigneur et sauver les gens du mal ".
abu sa`id al-khudri raconte
également (rapporté par bukhari) :
J’ai entendu le Prophète
(que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui)
dire : " Viendra un temps pour les gens où le meilleur
bien d’un homme musulman sera ses moutons qu’il mènera au sommet
des montagnes et aux endroits où tombe la pluie pour se mettre
avec sa religion à l’abri des épreuves ".
malik rapporte dans son muwatta’
que houmayd ibn malik ibn khouthaym était assis avec Abou hurayra
dans sa terre de al-`aqiq lorsqu’un groupe de gens de Médine vint
le voir. Ils mirent pied à terre et s’approchèrent. humayd
raconte :
Aobu Hourayra me dit :
" Va voir ma mère et dis-lui que son fils lui adresse
son salam et lui demande de lui envoyer un peu de nourriture ".
J’y allai et elle me donna trois pains et un peu d’huile d’olive et
de sel. Je les leur apportai. Quand je les posai devant eux, Abou Hourayra
dit : " Allahou Akbar ! Louange à Dieu qui nous a rassasiés
de pain après une période où notre seule nourriture
fut composée des deux matières noires, l’eau et les dates. "
Les visiteurs ne laissèrent rien. Quand ils partirent, il leur
dit : " Fils de mon frère, sois gentil avec tes moutons,
essuie-les pour les débarrasser de leur mucosité, fais
qu’ils aient les meilleurs pâturages, et prie à côté
d’eux, car ils font partie des animaux du Paradis. Par Celui qui tient
mon âme entre Ses mains, bientôt viendra un temps pour les
gens où le troupeau de moutons sera plus cher à son propriétaire
que les fils de marwan, c’est-à-dire la compagnie des
hommes ".
Muslim (dans son sahih,
au début du Livre du dhikr) et Tirmidhi rapporte ces paroles
de Abou Hourayra :
Un jour, sur la route
de La Mecque, le Prophète passa au sommet d’une montagne appelée
jumdan (ce qui signifie " gelé sur place "),
et il dit alors : " Avançons (siru) ! Voici
la montagne de jumdan, et ceux dont l’esprit n’est concerné
que par une chose (mufarridun) sont au premier rang ".
On lui demanda : " Qui sont ceux-là ? " Il
dit : " Les hommes et les femmes qui se rappellent Dieu en
abondance (al-dhakirun Allah kathiran wa al-dhakirat) ".
La version de Tirmidhi est
la suivante :
Le Prophète dit
: " Ceux dont l’esprit n’est tourné que vers une chose
(moufarridoun) sont au premier rang ". Ils dirent : " Qui
sont donc ces gens-là ? " Il dit : " Ceux
qui sont obsédés par le rappel de Dieu au point qu’on
se moque d’eux (al-moustahtiroun bi dhikr Allah), dont le dhikr
enlève les fardeaux (yada`ou `anhoum al-dhikrou athqalahum),
et qui viennent à Dieu dans la timidité (fa ya’tun
allaha khifaqan) ".
al-moundhiri dit dans al-tharghib
wa al-tarhib :
Ce sont ceux qui sont
enflammés par le rappel de Dieu (al-mouwalla`oum bi dhikroullah).
nawawi écrit dans sharh
sahih Mouslim :
Certains le prononcent
mufridun (ce sont ceux qui s’isolent) ... ibn qoutayba et d’autres
disent : " Le sens originel est qu’il s’agit de ceux dont
tous les parents sont morts et qui sont devenus célibataires
en ce monde, si bien qu’il leur reste le rappel de Dieu l’Exalté ".
Pour d’autres, il s’agit de " ceux qui sont émus quand
on parle du rappel de Dieu (hum al-ladhina ihtazzou fi dhikrillah),
c’est-à-dire qu’ils en sont venus à se consacrer avec
ferveur et à s’attacher à Son rappel ". ibn
al-l`rabi dit : " On dit qu’un homme devient " célibataire "
(farada al-rajul) quand il devient savant, quand il s’isole et
se consacre exclusivement au respect des ordres et des interdictions
de Dieu.
Le dhikr prononcé
dans la retraite (khalwa) et l’isolement est confirmé par
un hadith rapporté par Boukhari :
Sept personnes sont prises
sous sa protection par Dieu. La septième est " celle
qui se souvient de Dieu dans la retraite (dhakara allaha khaaliyan)
et dont les yeux sont envahis de larmes ".
Dans Tirmidhi, `a’isha raconte
:
Au commencement de la
prophétie du Messager de Dieu, lorsque Dieu voulut répandre
l’honneur sur lui et, à travers lui, la miséricorde sur
Ses serviteurs, il n’accueillait aucune vision sauf si elle se présentait
aussi sûrement que le lever du soleil. Il se comporta ainsi aussi
longtemps que Dieu le voulut. Ce qui lui était le plus cher,
c’était la retraite (al-khalwa) et rien ne lui plaisait
plus que d’être seul dans la retraite.
Tirmidhi relate ce hadith
et le considère hasan sahih gharib. Boukhari et Mouslim racontent
un hadith très voisin à travers différentes chaînes
de transmission, en utilisant le mot khala’ au lieu du mot khalwa.
ibn hajar dit dans fath
al-bari dans son commentaire du chapitre de Boukhari sur la retraite
:
ibn al-Moubarak raconte
dans kitab al-raqa’iq que, selon Shou`ba, Khoubayb ibn `abd ar-rahman
et hafs ibn `asim, `Oumar disait : " Prenez dans la retraite
la part de bonheur qui vous revient ". Et quelle belle parole
que celle de al-Jounayd (que Dieu lui accorde le bienfait de Sa baraka)
: " Endurer la difficulté de la retraite est plus facile
que de se mêler à la société sans être
blessé ". al-kattabi raconte dans son Livre de la retraite
(kitab al-`ouzla) : " S’il n’y avait dans la retraite
rien d’autre que la protection contre la médisance et que la
vue de ce qui est interdit mais ne peut être éliminé,
cela serait déjà un immense bienfait ". Le titre
d’un chapitre de Boukhari (De la retraite comme moyen de se reposer des
fréquentations qui conduisent au mal) fait référence
à un hadith cité par al-Hakim, selon Abou Dharr qui le
tenait du Prophète par une chaîne solide (hasan)
: " S’isoler est meilleur qu’être en société
en commettant le mal ". Il est cependant admis, en général,
qu’il s’agit d’une parole de Abou Dharr ou de abu al-darda’. ibn abi
`asim le cite ... al-qushayri dit dans sa risala : " La
méthode de celui qui entre en retraite est qu’il doit être
imprégné de la croyance qu’il protège les gens
de son mal, et non l’inverse. Cette position implique un abaissement
de soi qui est l’attribut de celui qui est humble. Au contraire, l’inverse
révèle qu’on se considère comme meilleur que les
autres, ce qui est la marque de l’arrogance ".
Abou Bakr Ibn al-`Arabi écrit
dans sharh sahih Tirmidhi, livre 45 (da`awat), ch. 4 :
On dit que l’époque
est devenue si corrompue que s’isoler est ce qu’il y a de mieux à
faire. Nous disons qu’on doit commencer par s’isoler des gens par ce
qu’on fait, tout en restant parmi eux physiquement. Cependant, en cas
d’échec, alors on peut s’isoler physiquement, mais sans aller
jusqu’à la vie monastique (ya`tazilhoum bi badamihi wa la
yadhoulou fi al-rahbaniyya) qui est condamnée et rejetée
par la sounna.
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