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   Les bases légales du Soufisme : Tassawwouf

Dires et ecrits des imams et savants au sujet du Soufisme 4e partie



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Cheick `Abd al-Qadir al-Gilani (d.561)

L’éminence parmi les grands saints, surnommé al-Ghawth al-a'zam ou l’Aide par excellence, il était aussi un éminent juriste de l’école Hanbali. Son affiliation à l’école Chafi'I et à Abou Hanifa ont été mentionnée. Il fut le disciple d’éminents saints en autre ; Abou al-Khayr Hammad ibn Mouslim al-Dabbas (d.525) et Khwaja Abou Youssouf al-Hamadani (d.535), second dans la lignée après Abou al-Hassan al-Kharqani (le cheick d’al-Harawi al-Ansari) dans la première chaîne d’autorité Naqshbandi.

Les plus fameux travaux de Cheick 'Abd al-Qadir sont:

· al-Qhounya li talibi tariq al-haqq (La suffisante provision pour les chercheurs sur la voie de la vérité); c’est l’une des présentations les plus précises du madhhab de l’Imam Ahmad ibn Hanbal ait jamais écrit, y comprit l’enseignement solide d’Ahl al-Sounna sur l`aqida et le tassawwouf;
· al-Fath al-rabbani (L’ouverture du Seigneur), une collection de sermons pour les élèves et enseignants de la voie Soufie et tous ceux attirés par la perfection; comme son titre l’indique, ce livre apporte à ses lecteurs un immense profit et une élévation spirituelle;
· Foutouh al-ghayb (Les ouvertures de l’invisible), une autre collection de sermons plus avancés que le précédent et tout aussi précieux. Les deux ont été traduits en anglais;[169]

Du fait de sa position dans l’école Hanbali, `Abd al-Qadir était très respecté par Ibn Taymiyya, qui lui donna aussi le titre de «mon Cheick» (cheickhouna) dans son fatawa, pendant qu’il réservait le titre «mon Imam» (imamouna) à Ahmad ibn Hanbal. Il citait fréquemment Gilani et son cheick al-Dabbas comme étant parmi les meilleurs Soufis des derniers temps.

Les karamat ou miracles d’`Abd al-Qadir sont trop nombreux pour être énumérés. L’un d’eux consiste au don de guider qui était manifeste dans son parlé et à travers lequel plusieurs milliers entrèrent dans Islam ou se repentirent. Al-Chattanawfi dans Bahjat al-asrar mentionne plusieurs de ses miracles, donnant à chaque fois une chaîne de transmission. Ibn Taymiyya prit ces rapports pour satisfaire les critères d’authenticité, mais son élève al-Dhahabi, même s’il prétendait croire de manière générale aux miracles d’Abd al-Qadir, mécroit, malgré tout, à plusieurs d’entre eux. Nous avons déjà vu ce trait de caractère d’al-Dhahabi dans son doute au sujet du solide rapport et de l’admiration de l’Imam Ahmad pour al-Mouhassibi. Voici ses dires au sujet de Gilani dans Siyar a`lam al-noubala´:

[#893] al-cheick `Abd al-Qadir (Al-Jilani): Le cheick, l’imam, le savant, le zahid, le connaisseur, l’exemplaire, Cheick Al-Islam, le distingué parmi les Awliya… le Hanbali, le cheick de Bagdad… Je dis: Il n’y en a aucun parmi les grands cheicks qui a plus d’états spirituels et de miracles (karamat) que Cheick `Abd al-Qadir, mais beaucoup de ces miracles ne sont pas vrais et certaines de ces choses sont impossibles.[170]

Voici le récit suivant de la première rencontre de Gilani avec al-Hamadani et rapporté par Haytami dans son Fatawa hadithiyya:

Abou Sa`id `Abd Allah ibn Abi `Asroun (d.585), l’Imam de l’école Chafi`i, dit: «Lorsque je commençai à chercher la connaissance religieuse, je restais en compagnie de mon ami Ibn al-Saqa qui était un élève de l’école Nizamiyya, et il était de notre habitude de rendre visite aux pieux. Nous avons appris qu’il y avait à Bagdad un homme du nom de Youssouf al-Hamadani qui était connu comme al-Ghawth, et qu’il était capable d’apparaître et de disparaître toutes les fois qu’il le voulait. Ainsi, donc je décidai de lui rendre visite avec Ibn al-Saqa et Cheick `Abd al-Qadir al-Gilani, qui était jeune en ce temps-là. Ibn al-Saqa dit, «Lorsque nous visiterons Youssouf al-Hamadani, je lui poserai une question dont il ne connaîtra pas la réponse.» Je dis: «Je vais lui poser aussi une question et je veux voir ce qu’il va dire.» Cheick `Abd al-Qadir al-Gilani dit: «O Allah, épargne-moi de questionner un saint comme Youssouf al-Hamadani, mais j’irai en sa présence pour solliciter sa baraka – bénédiction – et sa connaissance divine.»

«Nous entrions dans son cercle d’étude. Il se rendit invisible et nous n’arrivions pas à le voir pendant un certain temps. Il regarda sévèrement Ibn al-Saqa et dit: «O Ibn al-Saqa, comment oses-tu me poser une question alors que ton intention est de me confondre? Ta question est celle-ci et ta réponse est celle-là!» Ensuite il dit: «Je vois le feu de la mécréance brûlé dans ton cœur.» Il me regarda et dit, «O `Abd Allah, es-tu en train de me poser une question et attendre ma réponse? Ta question est celle-ci et ta réponse celle-là. Les gens sont mécontents de toi parce que leur attention est distraite par ton manque de respect à mon égard.» Ensuite il regarda Cheick `Abd al-Qadir al-Gilani, le fit asseoir près de lui et l’honora. Il dit: «O `Abd al-Qadir, tu as satisfait Allah et Son Prophète par ton respect pour moi. Je te vois assis dans le futur à la plus haute place à Bagdad, prêchant, enseignant aux gens et leur disant que tes pieds sont sur le cou de chaque wali! Et, je vois, chaque wali de ton temps te donner la préséance à cause de ton rang et ton honneur.»

Ibn Abi `Asroun continue, «La renommée d’Abd al-Qadir devint très populaire et tout ce que Cheick al-Hamadani avait dit à son sujet arriva. Il fut un temps où il dit, «Mes pieds sont sur le cou de tous les awliya,» et il fut une référence et un flambeau en son temps, illuminant les gens jusqu’à leur destination.

Le sort d’Ibn al-Saqah fut autre chose. Il était brillant dans sa connaissance de la loi divine. Il devançait tous les savants de son temps. Il avait l’habitude de débattre avec les savants de son temps et les vaincre, jusqu’à ce que le caliphe l’admit dans son cercle. Un jour le calife l’envoya comme émissaire chez le Roi de Byzance, qui à son tour fit appel à tous ses prêtres et savants de la religion Chrétienne pour débattre avec lui. Ibn al-Saqa les vaincu tous. Ils furent incapables de donner des réponses en sa présence. Il leur donna des réponses qui les rendirent comme des enfants et de simples élèves en sa présence.

Sa brillance fascina tellement le Roi de Byzance qu’il l’invita à une rencontre privée avec la famille royale. A cette rencontre, il vit la fille du Roi. Il tomba immédiatement amoureux d’elle, et il demanda au Roi la permission de l’épouser. Elle refusa à moins qu’il accepta sa religion. Il accepta, abandonnant ainsi l’Islam et acceptant la religion Chrétienne de la princesse. Après son mariage, il tomba sérieusement malade. Ils le chassèrent du palais. Il devint un mendiant dans la ville, quémandant de la nourriture, mais personne ne lui en fournissait. L’obscurantisme s’abattit sur son visage.

Un jour, il vit quelqu’un qu’il connaissait. Cette personne rapporte: «je lui demandai, qu’est-ce qui t’es arrivé?» Il répondit: «Il y avait une tentation et j’y suis tombé.» L’homme lui demanda: «Te souviens-tu de quelque chose du Coran?» Il répondit: «Je me souviens seulement de roubbana yawaddu al-ladhina kafarou law kanou muslimin…«Encore ceux qui mécroient voudraient avoir été Musulmans» (15:2).

Il tremblait comme s’il allait rendre son dernier souffle. Je le tournai en direction de la Ka`aba, mais il ne faisait que se tourner en direction de l’est. Encore, je le tournai en direction de la Ka`aba, mais il tourna en direction de l’Est. Je le tournai pour une troisième fois en direction de la Ka`aba, mais il se retourna en direction de l’Est. Comme son âme alors le quittait, il dit: «O Allah; ceci est le résultat de mon manque de respect à Ton saint, Youssouf al-Hamadani.»

Ibn Abi `Asroun continue: «Je partis à Damas et le Roi là-bas, Nour al-Din al-Chahid, m’offrit le contrôle du département des affaires religieuses que j’acceptai. En conséquence, la dunya entra de tous les côtés: provisions, subsistance, l’honneur, l’argent, et une position pour le reste de ma vie. Ceci est ce que le ghawth Youssouf al-Hamadani avait prédit pour moi.»[171]

Ibn al-Jawzi (d.597)

Ce maître de hadiths et historien de l’école Hanbali était un ennemi farouche des innovateurs de son temps.[172] Son Talbis Iblis (L’illusion de Satan) est souvent cité par les “Salafis” pour s’opposer au tassawwouf, mais en réalité il le rédigea seulement contre certains excès qu’il observa dans tous les groupes de la communauté, dont les savants de tous genres y compris les Soufis.

Talbis Iblis est peut-être le seul et le plus important facteur existant exprimant la notion d’hostilité d’Ibn al-Jawzi envers le tassawwouf. En réalité, cette œuvre ne fut pas écrite en guise d’hostilité contre le tassawwouf et les Soufis. C’est une critique de toutes les doctrines et pratiques, peu importe leurs sources, et opposées à tout ce qu’il considérait d’innovations injustifiées dans la Chari`a, où que ce soit dans la communauté Musulmane de son temps. Ce fut écrit contre des pratiques spécifiques innovées de plusieurs groupes, y compris les philosophes (al-moutafalsifa), les théologiens (al-moutakallimoun), les savants de hadiths (`oulama´ al-hadith), les juristes (al-fouqaha´), les prêcheurs (al-wou`az), les philologues (al-nahawiyyoun), les poètes (al-chou`ara´), et certains Soufis. Ce ne fut en aucun cas, une critique des sujets qu’ils étudièrent ou enseignèrent, mais une critique contre des introductions spécifiques d’innovations dans leurs disciplines et champs respectifs.

Ibn al-Jawzi rédigea plusieurs livres de “mérites” (manaqib) au sujet des premiers Soufis dont Manaqib Rabi`a al-`Adawiyya, Manaqib Bishr al-Hafi, et autres. Son Sifat al-safwa (Les manières des élites) un abrégé du Hilyat al-awliya´ (L’ornement des saints) d’Abou Nou`aym, et son Minhaj al-qassidin wa moufid al -sadiqin (La voie des voyageurs vers Allah et le dirigeant à la vérité) sont considérés comme des piliers dans le champ du tassawwouf. Il fut encouragé à écrire le dernier livre à cause du succès du Ihya´ `ouloum al-din de Ghazali, et en vérité le Minhaj adopte en majorité la méthodologie et le language du Ihya´ en addition au fait qu’il traite du même sujet, l’auto-purification et les éthiques personnelles.

Le Minhaj fut résumé en un volume par Najm al-Din Abou al-`Abbas Ahmad ibn Qoudama (d.742). Voici certains de ses titres de chapitres et extraits les plus illustratifs de l’influence de Ghazali sur Ibn al-Jawzi et l’adoption des terminologies Soufies de ce dernier:

· Fasl `ilm alwal al-qalb (Section sur les sciences des états du cœur)
· Fasl fi qaqa’iq al-adab al-batina wa al-ishara ila adab al-hajj (Section sur les éthiques des secrets du Pèlerinage)
· Kitab riyad al-nafs wa tahdhib al-khoulouq wa mou`alajat amrad al-qalb (Le livre du dressage de l’égo, l’éducation du caractère et le traitement des maladies du cœur)
· Fasl fi fa’idat shahawat al-nafs (La section sur le bénéfice de l’appétit de l’égo)
· Bayan al-riya´ al-ladhi houwa akhfa min dabib al-naml (L’exposition de l’ostentation cachée qui est plus sournois que le bruit des pas d’une fourmi)
· Fasl fi bayan ma youhbitou al-`amal min al-riya' wa ma la youhbit (La section de l’exhibition de l’ostentation qui annule les actions de l’un et l’ostentation qui n’en fait pas)
· Fasl fi dawa' al-riya' wa tariqatou mou`alajat al-qalbi fih (La section sur les remèdes de l’ostentation et la voie du traitement du cœur et de ses maux)
· Kitab al-mahabba wa al-chawqi wa al-ounsi wa la-rida (Le livre de l’amour, le désir passionné, la familiarité et le bon plaisir)
· Fasl fi bayan mi`na al-shawq ila allahi ta`ala (La section définissant le sens de l’amour passionné pour Allah)
· Bab fi al-mouhassaba wa al-mouraqaba (Chapitre sur l’auto-méditation et la vigilance)

- al-maqam al-awwal: al-moucharata (Le premier niveau: l’engagement)
- al-maqam al-thani: al-mouraqaba (Le deuxième niveau: la vigilance)
- al-maqam al-thalith: al-mouhassaba ba`da al-`amal (Le troisième niveau: l’auto-jugement après une action)
- al-maqam-al-rabi`: mou`aqabat al-nafs `ala taqsiriha (Le quatrième niveau: réprimander l’égo pour ses défauts)
- al-maqam al-khamis: al-moujahada (Le cinquième niveau: la lutte)
- al-maqam al-sadis: fi mou`atabat al-nafs wa tawbikhiha (Le sixième niveau: réprimander et critiquer sévèrement l’égo)

Abou Bakr al-Siddiq dit: «Quiconque hait son égo pour la cause d’Allah, Allah le protégera contre ce qu’Il hait.»

Anas dit: «`J’entendis `Oumar dire, un jour, qu’ il était seul derrière un mur: «Bakh, bakh! Bravo, bien fait, O mon égo! Par Allah, tu es mieux d’avoir peur d’Allah; O petit enfant de Khattab, autrement je te punirai!»

Al-Bakhtari ibn Haritha dit: «Je vis l’un des adorateurs assis devant un feu qu’il avait allumé et il punissait son égo; et il ne cessa de le punir jusqu’à ce qu’il mourru.»

L’un d’entre eux dit: «Lorsque les saints sont mentionnés, je me dis: Mépris à toi O mon nafs et mépris à toi encore O mon nafs

Sache que ton pire ennemi est ton égo qui réside entre tes deux flancs. Il a été créé comme un tyran ordonnant, et te poussant toujours vers le mal, on t’a ordonné de le dresser, le purifier (tazkiyat), le sevrer de ce dont il se nourrit, le trainer en chaîne, le soumettre à l’adoration de son Seigneur.[173]

Imam Fakr al-Din Razi (d.606)

«Un savant Chafi`i de génie et un Imam moujtahid en doctrine de la foi, il fut parmi les figures les plus en vue de son temps dans la maîtrise de la logique et les sciences traditionelles Islamiques, et il préserva la religion d’Ahl al-Sunna de la déviation des Mou`tazilites, des Chïites, des Anthropomorphistes et autres sectes aberrantes de son temps.»

Il rédigea dans son I`tiqadat firaq al-mouslimim wa al-mouchrikin:

Le sommaire de ce que disent les Soufis c’est que la voie de la connaissance d’Allah est l’auto-purification et la renonciation à l’attachement matériel, et ceci est une excellente voie… Les Soufis sont un groupe qui travaille avec réflection sur le détachement du soi et des pièges de la vie matérielle. Ils luttent afin que leurs cœurs soient uniquement occupés avec le souvenir d’Allah dans toutes leurs besognes et actions, et ils sont caractérisés par la perfection de leurs manières dans les relations avec Allah. En vérité ce sont les meilleurs de toutes les races des êtres humains.[174]

Abou al-Hassan al-Chadhili (d.656)

L’un des grands saints de la Communauté, dit au sujet du tassawwouf:

Celui qui meurt sans être entré dans cette connaissance qui est la nôtre meurt en insistant sur ses péchés graves (kaba'ir) sans le réaliser.[175]

Soultan al-`Oulama' al-`Izz ibn `Abd al-Salam al-Soulami (d.660)

Son surnom est «Le Sultan des Savants.» Le Cheick al-Islam de son temps, il étudia le hadith sous le hafiz al-Qassim ibn `Ali ibn `Assakir al-Dimachqi, et le tassawwouf sous le cheick al-Islam Chafi`i Chihab al-Din al-Souhrawardi (539-632), lequel al-Dhahabi appelle: «Le cheick, l’imam, le savant, le zahid, le connaisseur, le mouhaddith, le Cheick al-Islam, le hors pair des Soufis…»[176] Il étudia aussi sous Abou al-Hassan al-Chadhili (d.656) et son disciple al-Moursi. L’auteur de Miftah al-sa`ada et al-Soubki dans son Tabaqat rapportent qu’al-`Izz disait à chaque fois qu’il entendait al-Chadhili et al-Mourssali parler: «Ceci est le genre de discours qui vient fraîchement d’Allah.»[177]

Dans ses deux volumes Qawa`id al-ahkam fi massalih al-anam sur ousoul al-fiqh il mentionne que les Soufis sont ceux au sujet desquels Allah dit: «Le parti d’Allah» (5:56, 58:22), il définit le tassawwouf comme «l’amélioration des cœurs à travers lesquels la santé des corps est saine et à travers lesquels les maladies des corps sont des maux.» Il considéra la connaissance des règles légales externes comme une connaissance de la Loi dans ses généralités, tandis que la connaissance des matières internes est une connaissance de la Loi dans ses détails les plus fins.[178]

Parmi ses livres sur le tassawwouf il y a:

· Charjarat al-ma`arif wa al-ahwal wa salih al-aqwal wa al-a`mal (L’arbre des sciences gnostiques, états, déclarations pieuses et actions) s’étendant sur vingt chapitres dont les septs derniers sont consacrés aux branches variées de l’ihsan dans la religion du croyant;
· Moukhtassar ri`ayat al’Mouhassibi, un abrégé du livre d’al-Mouhassibi sur l’Observance des droits d’Allah;
· Massa'il al-tariqa fi `ilm al-haqiqa (Questions sur la voie Soufie concernant la connaissance de la Réalité) dans lequel al-`Izz répond à soixante questions au sujet du tassawwouf;
· Rissala fi al-qutb wa al-abdal al-arba`in (Traité sur le Pôle des saints et les quarantes successeurs);
· Fawa'id al-balwa wa al-mihan (Les bénéfices des épreuves et des afflictions);
· Nihayat al-roughba fi adab al-souhba (L’obtention des vœux dans l’étiquette de la compagnie).

Malgré sa rigueur en toute matière, il est très connu pour son acceptation de la sama` ou les récitals poétiques, les mouvements du corps et la danse[179] associés avec des transes et autres états d’extase au cours du dhikr. L’Imam Ahmad rapporta dans son Mousnad:

`Ali dit: Je visitai le Prophète avec Ja`far (ibn Abi Talib et Zayd (ibn Haritha). Le Prophète dit à Zayd: «Tu es mon homme affranchi» (anta mawlay), à la suite duquel Zayd commença à sautiller sur son pied autour du Prophète (hajala). Le Prophète dit ensuite à Ja`far: «Tu me ressembles dans ma création et dans mes manières» (anta achbahta khalqi wa khoulouqi), à la suite duquel Ja`far commença à sautiller derrière Zayd. Le Prophète me dit ensuite: «Tu fais partie de moi et je fais partie de toi» (anta minni wa ana minka) je commençai à sautiller derrière Ja`far.[180]

Cheick al-Islam Ibn Hajar al-Haytami mentionne que certains savants ont déduit à partir de cette évidence la permissibilité de danser (al-raqs) à l’écoute d’un récital qui élève l’esprit.[181] al-Yafi`i est en accord avec lui dans Mir'at al-jinan.[182] Les deux mentionnent al-'Izz ibn `Abd al-Salam comme l’exemple parfait de tel savants dans la mesure où il est authentiquement rapporté que lui-même «prit part au sama`et dansa en état d’extase» (kana yahdourou al-sama` wa yarqoussou wa yatawajadou), comme cela est confirmé par Ibn al-`Imad sur l’autorité d’al-Dhahabi, Ibn Chakir al-Koutabi, al-Yafi`i, al-Nabahani et Abou al-Sa`adat.[183]

Cette permissibilité d’un type de danse de la part des Imams et des maîtres de hadiths exclue l’interdiction du sama` sur une base générale, aussi bien que la danse qui accompagne la sama`, sans égard aux réserves d’Ibn Taymiyya à ce sujet. Dans le langage des «Salafis» d’aujourd’hui, cela devient un interdit nul et non avenu.

Quant aux cas particuliers où la danse peut être interdite, il s’agit là des genres mondains de danse efféminée qui n’a rien avoir avec l’extase du sama` et du dhikr. Al-`Izz ibn `Abd al-Salam différencia les deux types dans ses Fatwas:

Danser est une bid`a ou une innovation qui n’est approuvé que par celui qui a une carence dans l’esprit. Elle n’est convenable que pour les femmes. En ce qui concerne l’écoute de la poésie (sama') qui excite vers les états de la pureté (ahwal saniyya), qui rappelle l’au-delà: il n’y a rien de mal en cela, au contraire cela est recommandé (bal youndabou ilayh) pour les cœurs tièdes et endurcis. Cependant, celui qui dissimule des idées malsaines en son cœur il ne lui est pas permis de prendre part au sama', car le sama' excite tout désir déjà présent dans le cœur, le désirable et le détestable.[184]

Il dit aussi dans son Qawa`d al-ahkam:

Danser et applaudir sont une mauvaise manifestation ressemblant à celle des femmes que personne ne tolère sauf les hommes frivoles et les menteurs… quiconque comprend la grandeur d’Allah ne peut s’imaginer en train d’applaudir et de danser car ces actes ne sont performés que par l’ignorant grossier, non par ceux qui ont un mérite et une intelligence et la preuve de leur ignorance est que la Chari`a n’a cité aucune preuve de ces actions dans le Coran et la Sunna, et aucun des Prophètes et leurs illustres compagnons ne le firent.[185]

al-`Izz sur la Supériorité du Rang des awliya' Sur Celui des `oulama

Al-`Izz ibn `Abd al-Salam fut questionné dans sa Fatwa au sujet de la validité des déclarations de Qouchayri et Ghazali ¨que le plus haut niveau parmi les serviteurs d’Allah après les Messagers et Prophètes est celui des saints (awliya'), suivi de celui des savants (`oulama'). Il répondit:

Concernant la priorité des connaisseurs d’Allah sur les connaisseurs des lois d’Allah, les dires des maîtres Qouchayri et Abou Hamid (al-Ghazali) sont confirmés. Aucune personne, dotée de sens, ne doute que les connaisseurs d’Allah… non seulement sont les meilleurs que les connaisseurs des lois d’Allah, mais sont aussi meilleurs que ceux qui connaissent les branches et les racines de la religion, parce que le rang d’une science est selon ses buts immédiats… La plupart du temps les savants sont voilés par leur connaissance qu’ils ont d’Allah et de Ses attributs, autrement dit, ils seraient parmi les gnostiques dont la connaissance est continue, comme cela convient à la demande de la vraie vertu. Et, comment les gnostiques et les juristes puissent être les mêmes quand Allah dit: «Le plus noble parmi vous, auprès d’Allah est le plus pieux» (49:13)?.. et par les «savants» (`oulama´) quand Il dit «Parmi Ses serviteurs, seuls les savants craignent Allah» (35:28), Il fait cas de ceux qui Le connaissent, de même que Ses attributs, et Ses actions, et non ceux qui connaissent Ses lois… Un signe de la supériorité des gnostiques par rapport aux juristes est qu’Allah fait des miracles aux mains des premiers, mais jamais aux mains du deuxième groupe, à l’exception de ceux qui entrent dans la voie des gnostiques et acquièrent leurs caractéristiques.[186]

Ce ne fut pas nécessaire qu’al-`Izz introduise les savants de hadiths dans la mesure où ceux-ci sont considérés d’un niveau inférieur aux savants de fiqh et sont par conséquent inclus avec eux en-dessous des saints. Ibn Abi Zayd al-Maliki rapporte Soufyan ibn `Ouyayan disant: «L’hadith conduit à l’égarement sauf les fouqaha´,» et le compagnon de Malik, Ibn Wahb dit: «Tout maître de hadith qui n’a pas d’Imam en fiqh est égaré (dall). Si Allah ne nous avait pas sauvé avec Malik et al-Layth, nous aurions été égarés.»[187] Nous avons déjà mentionné l’avertissement de l’Imam Malik ¨ que la religion ne consiste pas en la narration de quantité de hadiths mais plutôt en la lumière qui prend siège dans la poitrine.

Imam Nawawi (d.676)

L’un des grands savants Soufis, le plus stricte des maîtres de hadiths des temps derniers et le plus méticuleux des juristes, Cheick al-Islam Mouhyiddin Yahya ibn Charaf al-Nawawi est avec al-Rafi`i les principales références de l’école Chafi`i des derniers temps. Ses livres restent toujours d’autorité dans la méthodologie de la loi, dans le commentaire du Coran et dans le hadith. Son commentaire de sahih Mouslim est en deuxième position après celui d’Ibn Hajar sur sahih Boukhari. Allah donna à sa fameuse compilation de Quarante Hadiths probablement plus de renommée et d’audience que tout autre livre de haditha, qu’il soit volumineux et petit, et permis à Nawawi d’être d’un immense bénéfice à la Communauté Islamique.

Nawawi était considéré comme un Soufi et un saint, comme cela est évident par les titres de quelques uns de ses travaux et celui de la biographie de Sakhawi intitulé Tarjamat cheick al-islam, qoutb al-awliya' al-kiram, faqih al-anam, mouhyi al-Din al-Nawawi (La biographie du Cheick de l’Islam, le Pôle des Nobles Saints, le Juriste de l’humanité, le Revivicateur de la Sunna et le Défenseur contre les innovations… al-Nawawi.)

Nawawi écrit dans son petit ouvrage intitulé al-Maqassid fi al-tawhid wa al-`ibada wa ousoul al-tassawwouf (Les buts de l’unicité, l’adoration et les fondations de l’auto-purification):

Les spécifications de la Voie des Soufis sont de cinq:

1. garder la Présence d’Allah en son cœur en public comme en privée;
2. pratiquer la Sunna du Prophète dans l’action comme dans le parlé;
3. se retirer des gens et ne pas avoir recours à eux;
4. être satisfait avec ce qu’Allah te donne même si cela est peu;
5. avoir toujours recours à Allah pour tous ses problèmes.[188]

Il rendit l’âme avant qu’il ne puisse finir son Boustan al-arifin fi al-zouhd wa al-tassawwouf (Le jardin des gnostiques dans l’ascétisme et l’auto-purification), qui est une collection précieuse des dires des premières et dernières générations des maîtres de tassawwouf élaborant sur quelques points de l’auto-purification. En voici quelques extraits:

Al-Chafi`i (qu’Allah lui accorde Sa Miséricorde) dit: «Seul le sincère (moukhlis) connait ce qu’est l’hypocrisie (riya').» Ceci signifie qu’il est impossible de connaitre la réalité de l’hypocrisie et voir ses aspects cachés sauf pour celui qui cherche de manière résolue la sincérité (arada). Celui-ci, lutte pendant une longue période, cherchant, méditant et examinant profondément en lui-même jusqu’à ce qu’il sache ou connaisse quelque chose au sujet de ce qu’est l’hypocrisie. Cela n’arrive pas à tout le monde. En vérité, ceci arrive seulement aux élites (al-khawass). Mais pour un individu donné, affirmer qu’il connait ce qu’est l’hypocrisie est signe d’ignorance de sa part.

Je mentionnerai, dans ce livre, un chapitre par la volonté d’Allah, dans lequel tu verras un type de merveille qui rafraîchira tes yeux. Pour illustrer l’étendue de la dissimulation de l’hypocrisie, nous avons seulement besoin de rapporter le récit suivant de la part du Professeur et Imam Abou al-Qassim al-Qouchayri, qu’Allah répande Sa miséricorde sur lui, extrait de sa Rissala avec notre isnad mentionné auparavant.

Il dit: «j’entendis Mouhammad ibn al-Houssayn dire: J’entendis Ahmad ibn Ali Jafar dire: J’entendis al-Hassan ibn Alawiyya dire: Abou Yazid [al-Bistami], qu’Allah soit satisfait de lui, dit: J’étais pendant douze années le forgeron de mon égo (haddadou nafsi), puis pendant cinq années je devint le miroir de mon cœur (mir'atou qalbi), puis pendant une année je regardai ce qui reposa entre les deux, et je vis autour de moi une ceinture visible [c’est-à-dire de koufr = signe vestimentaire d’un sujet non-musulman d’un état Islamique]. Alors, j’ai luttai pendant douze années pour la couper et je la vis encore, et je la vis cachée autour de moi. Ensuite, je m’attelai pendant cinq années à voir comment la couper. Alors, je fus dévoilé (kouchifa li) et lorsque je regardai la création, je vis qu’ils étaient tous morts. Je récitai alors la prière funèbre sur eux.»

Je dis: Cette hypocrisie étant aussi énigmatique que les maîtres de cette voie [c’est-à-dire le tassawwouf] qui n’ont pas d’égal montre combien de fois il reste dissimulé. Sa phrase: «Je les vis tous morts» est le sommet de la valeur, de la beauté et la rareté autre que les mots du Prophète, la Paix et la Bénédiction d’Allah sur lui, regorge d’une telle richesse en significations. Je toucherai brièvement à ces significations. Le sens est qu’après qu’il ait lutté longtemps et difficilement et que son égo ait été discipliné et son cœur illuminé, et lorsqu’il eu conquis son égo et soumis et achevé une complète maîtrise sur lui et qu’il l’a totalement assujeti à lui, à ce moment, il regarda toutes les créatures et trouva qu’elles étaient toutes mortes et sans pouvoir:

elles ne peuvent faire du tort ni être bénéfiques
elles ne peuvent donner ni retirer
elles ne peuvent donner ni la vie ni la mort
elles ne peuvent communiquer ni trancher
elles ne peuvent transmettre ni oter
elles ne peuvent rendre heureux ni rendre triste
elles ne peuvent accorder ni dépriver
elles ne possèdent pour elle-même ni bénéfice, ni tort, ni mort, ni vie, ni résurrection.

Ceci, donne les caractéristiques de la mort aux êtres humains: ils sont considérés morta dans toutes les conditions ci-dessus mentionnées, ils ne sont ni craints ni suppliés, ce qu’ils possèdent n’est pas convoité, ils ne sont ni attrayants ni flatteurs, personne ne leur donne une attention, ils ne sont pas enviés ni dénigrés, leurs défauts ne sont pas mentionnés ni leurs fautes poursuivies et exposées, personne n’est jaloux d’eux ni ne pense aux faveurs qu’ils ont reçues d’Allah, et ils sont pardonnés pour leurs erreurs, quoique les punitions légales leur sont appliquées selon la Loi. Mais, ’application d’une telle punition n’exclue pas ce que nous avons mentionné auparavant, ni elle exclue notre effort de couvrir leurs erreurs sans au moins les dissuader.

Voici comment les morts sont vus. Et si quelqu’un mentionne les êtres humains de manière déshonorable nous lui interdisons de sonder ce sujet de la même manière que nous l’aurions fait s’il devait examiner un mort. Nous ne faisons rien pour leur intérêt nous les Lui laissons. Et, nous ne nous arrêtons plus à exécuter un acte d’obéissance envers Allah à leur sujet que nous le faisons au sujet d’un mort, et nous ne les louons pas. Et, nous n’aimons pas non plus leurs louanges à notre égard ni haïssons leurs insultes, et nous ne leur rendons pas la pareille.

En résumé, ils sont comme s’ils n’existaient pas . Ils sont sous la complète attention et juridiction d’Allah. Quiconque a des rapports avec eux de cette manière, a combiné le bien de l ‘autre monde et celui d’ici-bas. Puisse Allah Le Généreux nous donner le succès dans cet l’achèvement. Ces quelques mots sont suffisants pour expliquer les dires d’Abou Yazid al-Bistami, qu’Allah soit satisfait avec lui.[189]

al-`Izz b. `Abd al-Salam b. Ahmad b. `Anim al-Maqdissi (d.678)

Nous mentionons ce wa`iz (prêcheur) parce qu’il a été souvent confondu avec Izz al-Din ibn Abd al-Salam al-Soulami, et ses brèves œuvres sur le tassawwouf sont attribuées par erreur à ce dernier. Dans cet ouvrage intitulé différentes façons : Hall al-roumouz wa mafatih al-koumouz et Zabad khoulasat al-tassawwouf, al-Maqdissi divise les niveaux du soulouk ou voies spirituelles en trois voies qui correspendent à la définition du Prophète au sujet de la Religion dans le hadith de Jibril:

L’Islam est le premier des niveaux de la Religion, caractérisant le commun des croyants;
L’Iman est le premier pas de l’échelle du cœur, et il caractérise l’élite des croyants;
L’Ihsan est le premier pas de l’échelle de l’esprit, et il caractérise l’élite de ceux qui sont rapprochés.[190]

Ibn Taymiyya (d.728)

Ses admirateurs citent ce juriste et maître de hadiths de l’école Hanbalite comme un ennemi des Soufis, et il est la principale autorité dans la campagne des «Salafis», responsables du climat actuel de fanatisme injustifié et l’encouragement à l’ignorance au sujet du tassawwouf. Pourtant, Ibn Taymiyya était lui-même un Soufi. Cependant, les «Salafis» sont très minutieux à ne jamais présenter le Soufi Ibn Taymiyya, ce qui gênerait sévèrement leur scénario il le présente comme purement un anti-Soufi.

Les discours d’Ibn Taymiyya sur le tassawwouf sont criblés de contradictions et d’ambiguités. On peut dire que quoiqu’il nivella toutes sortes de jugements sur les Soufis, il fut incapable de nier la grandeur du tassawwouf au sujet duquel la Communauté fut longtemps unanime bien avant que lui-même n’apparaisse. En conséquence, il affronta le tassawwouf, questionnant ces Soufis contemporains, et réduisant la primauté des élites des Musulmans à de la banalité, et au même moment il se vante d’être un Soufi Qadiri dans une chaîne directe de succession à Cheick `Abd al-Qadir al-Gilani, comme nous le montrerons dans les lignes qui suivent.

Il doit être clair dans l’esprit des lecteurs que la raison pour laquelle nous citons ces évidences n’est pas que nous considérons Ibn Taymiyya comme une figure représentative du tassawwouf. A notre point de vue, il ne représente ni le tassawwouf ni l’aqida de Ahl al-Sunna. Cependant, nous citons ces points de vues seulement pour démontrer que sa présentation erronée par les Orientalistes et les «Salafis» comme un ennemi du tassawwouf ne relève pas d’un examen minutieux. Sans tenir compte des opinions d’un groupe ou de l’autre, les faits montrent des évidences claires que Ibn Taymiyya n’avait pas d’autre choix que d’accepter le tassawwouf et ses principes, et que lui-même se réclama être un Soufi, et se para également du manteau (khirqa) de cheick dans l’ordre Soufi Qadiri.

Nous avons déjà cité l’admiration d’Ibn Taymiyya pour `Abd al-Qadir Gilani auquel il attribut le titre de mon «Cheick» (cheickhouna) et de mon «maître» (sayyidi) dans son entière Fatawa. Les inclinations d’Ibn Taymiyya pour les Soufis et sa révérence pour `Abd al-Qadir al-Gilani sont aussi témoignées à travers son commentaire de cent pages sur Foutouh al-ghayb, couvrant seulement cinq des soixante-dix-huit sermons du livre, mais montrant qu’il considéra le tassawwouf comme essentiel dans la vie de la Communauté Islamique.[191]

Dans son commentaire Ibn Taymiyya met l’accent sur le fait que la primauté de la Chari`a est la tradition de base dans le tassawwouf, et pour supporter ce point il donne une liste de plus d’une douzaine des premiers maîtres, aussi bien que des cheicks contemporains de son temps dont ceux de son école Hanbali, al-Ansari al-Harawi et `Abd al-Qadir al-Gilani, et le cheick de ce dernier, Hammad al-Dabbas:

Les élites parmi les pratiquants de cette Voie -- comme la majorité des premiers cheicks (chouyoukh al-salaf) dont Foudayl ibn `Iyad, Ibrahim ibn Adham, Ma`rouf al-Karkhi, al-Sari al-Saqati, al-Jounayd ibn Mouhammad, et autres de la première génération des maîtres, aussi bien que Cheick `Abd al-Qadir, Cheick Hammad, Cheick Abou al-Bayan et autres maîtres qui sont apparus plus tard – n’ont pas permis aux pratiquants de la voie Soufie de se démarquer des interdits et ordres de la législation divine, même si cette personne a volé dans les airs ou a marché sur l’eau.[192]

Quelque part encore, dans son al-rissala al-safadiyya, Ibn Taymiyya défend les Soufis comme ceux qui appartiennent à la voie de la Sunna et la représentent dans leurs enseignements et écrits:

Les grands cheicks mentionnés par Abou `Abd al-Rahman al-Soulami dans Tabaqat al-soufiyya, et Abou al-Qassim al-Qouchayri dans al-Rissala, étaient adhérants de l’école d’Ahl al-Sunna wa al-Jama`a et de l’école d’Ahl al-hadith, comme al-Foudayl ibn `Iyad, al-Jounayd ibn Mouhammad, Sahl ibn `Abd Allah al-Toustari, `Amr ibn`Outhman al-Makki, Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Khafi al-Chirazi, et autres; et leurs discours étaient fondés sur la Sunna , et ils rédigèrent des livres au sujet de la Sunna.[193]

Dans son traité sur la différence entre les formes permises de la prière et celles innovées, intitulé Rissala al-ibadat al-chariyya wal-farq baynaha wa bayn al-bidiyya, Ibn Taymiyya déclare sans erreur que la voie licite est la voie de «ceux qui suivent la voie Soufie» ou «la voie de l’auto-négation» (zouhd) et ceux qui suivent «ce qui est appelé pauvreté et tassawwouf», c’est-à-dire les fouqara et les Soufis:

Le licite c’est ce par quoi on se rapproche d’Allah. C’est la voie d’Allah. C’est la vertuosité, l’obéissance, les bonnes actions, la charité et la justice. C’est le chemin de ceux qui sont sur la voie Soufie (al-salikin), et la méthode de ceux qui ont l’intention d’atteindre Allah et de L’adorer; c’est celle qu’entreprend quiconque désire Allah et suit la voie de l’auto-négation (zouhd) et les pratiques religieuses, et ce qui est appelé pauvreté, tassawwouf etc…[194]

En ce qui concerne l’enseignement d’`Abd al-Qadir sur le fait que le salik ou l’aspirant Soufi doit s’abstenir des désirs permis, Ibn Taymiyya commence par déterminer que l’intention d’`Abd al-Qadir est que ce dernier renonce à ces choses permises qui ne lui sont pas imposées par la loi parce qu’il peut y avoir un danger pour lui. Mais jusqu’à quel point? Si l’Islam est essentiellement apprendre et appliquer les commendements Divins, il doit y avoir un moyen pour celui qui s’efforce sur la voie de déterminer la volonté d’Allah dans chaque situation particulère. Ibn Taymiyya reconnaît que le Coran et la Sunna ne peuvent pas couvrir explicitement tout événement spécifique dans la vie de tout croyant. Encore, si le but de la soumission à la volonté et au désir d’Allah doit être accompli par ceux qui veulent L’atteindre, il doit y avoir une voie pour celui qui y lutte de s’assurer du commandement Divin dans toute sa particularité.

La réponse d’Ibn Taymiyya est d’appliquer le concept légal d’ijtihad à la voie spirituelle, spécifiquement à la notion d’ilham ou inspiration. Dans ses efforts d’unir sa volonté avec celle d’Allah, le vrai Soufi atteind un état où il ne désire rien d’autre que de découvrir la plus belle œuvre, l’action la plus plaisante et la plus aimée d’Allah. Lorsque les données légales extérieures ne peuvent plus le diriger dans ces matières, il peut compter sur les notions d’inspiration (ilham) et de perception intuitive (dhawq) du Soufi:

Si le disciple a créativement employé ses efforts aux indications externes de la Char`ia

© Encyclopédie de la doctrine islamique, Cheikh Mouhammad Hisham Kabbani

Suite et fin des dires des imams

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Nasreddin Hodja :: 28 janvier 2002

 RADIO de MUSIQUE SOUFIE

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:: The criticism of men ::

Hodja and his son went on a journey once. Hodja preferred that his son ride the donkey and that he himself go on foot. On the way they met some people who said:

-Look at that healthy young boy! That is today's youth for you. They have no respect for elders. He rides on the donkey and makes his poor father walk!

When they had passed by these people the boy felt very ashamed and insisted that he walk and his father ride the donkey. So Hodja mounted the donkey and the boy walked at his side. A little later they met some other people who said:

-Well, look at that! That poor little boy has to walk while his father rides the donkey.

After they had passed by these people, Hodja told his son:

-The best thing to do is for both of us to walk. Then no one can complain.

So they continued on their journey, both of them walking. A little ways down the road they met some others who said:

-Just take a look at those fools. Both of them are walking under this hot sun and neither of them are riding the donkey!

Hodja turned to his son and said:

-That just goes to show how hard it is to escape the opinions of men.
:: Nasreddin Hodja ::
 
 
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