Cheick
`Abd al-Qadir al-Gilani (d.561)
L’éminence
parmi les grands saints, surnommé al-Ghawth al-a'zam ou
l’Aide par excellence, il était aussi un éminent juriste
de l’école Hanbali. Son affiliation à l’école
Chafi'I et à Abou Hanifa ont été mentionnée.
Il fut le disciple d’éminents saints en autre ; Abou al-Khayr
Hammad ibn Mouslim al-Dabbas (d.525) et Khwaja Abou Youssouf al-Hamadani
(d.535), second dans la lignée après Abou al-Hassan al-Kharqani
(le cheick d’al-Harawi al-Ansari) dans la première chaîne
d’autorité Naqshbandi.
Les
plus fameux travaux de Cheick 'Abd al-Qadir sont:
·
al-Qhounya li talibi tariq al-haqq (La suffisante provision pour
les chercheurs sur la voie de la vérité); c’est l’une
des présentations les plus précises du madhhab de l’Imam
Ahmad ibn Hanbal ait jamais écrit, y comprit l’enseignement
solide d’Ahl al-Sounna sur l`aqida et le tassawwouf;
· al-Fath al-rabbani (L’ouverture du Seigneur),
une collection de sermons pour les élèves et enseignants
de la voie Soufie et tous ceux attirés par la perfection; comme
son titre l’indique, ce livre apporte à ses lecteurs un immense
profit et une élévation spirituelle;
· Foutouh al-ghayb (Les ouvertures de l’invisible),
une autre collection de sermons plus avancés que le précédent
et tout aussi précieux. Les deux ont été traduits
en anglais;[169]
Du
fait de sa position dans l’école Hanbali, `Abd al-Qadir était
très respecté par Ibn Taymiyya, qui lui donna aussi le titre
de «mon Cheick» (cheickhouna) dans son fatawa, pendant
qu’il réservait le titre «mon Imam» (imamouna)
à Ahmad ibn Hanbal. Il citait fréquemment Gilani et son
cheick al-Dabbas comme étant parmi les meilleurs Soufis des derniers
temps.
Les
karamat ou miracles d’`Abd al-Qadir sont trop nombreux
pour être énumérés. L’un d’eux
consiste au don de guider qui était manifeste dans son parlé
et à travers lequel plusieurs milliers entrèrent dans Islam
ou se repentirent. Al-Chattanawfi dans Bahjat al-asrar mentionne
plusieurs de ses miracles, donnant à chaque fois une chaîne
de transmission. Ibn Taymiyya prit ces rapports pour satisfaire les critères
d’authenticité, mais son élève al-Dhahabi,
même s’il prétendait croire de manière générale
aux miracles d’Abd al-Qadir, mécroit, malgré tout,
à plusieurs d’entre eux. Nous avons déjà vu
ce trait de caractère d’al-Dhahabi dans son doute au sujet
du solide rapport et de l’admiration de l’Imam Ahmad pour
al-Mouhassibi. Voici ses dires au sujet de Gilani dans Siyar a`lam
al-noubala´:
[#893]
al-cheick `Abd al-Qadir (Al-Jilani): Le cheick, l’imam, le savant,
le zahid, le connaisseur, l’exemplaire, Cheick Al-Islam, le distingué
parmi les Awliya… le Hanbali, le cheick de Bagdad… Je dis:
Il n’y en a aucun parmi les grands cheicks qui a plus d’états
spirituels et de miracles (karamat) que Cheick `Abd al-Qadir,
mais beaucoup de ces miracles ne sont pas vrais et certaines de ces choses
sont impossibles.[170]
Voici
le récit suivant de la première rencontre de Gilani avec
al-Hamadani et rapporté par Haytami dans son Fatawa hadithiyya:
Abou
Sa`id `Abd Allah ibn Abi `Asroun (d.585), l’Imam de l’école
Chafi`i, dit: «Lorsque je commençai à chercher la
connaissance religieuse, je restais en compagnie de mon ami Ibn al-Saqa
qui était un élève de l’école Nizamiyya,
et il était de notre habitude de rendre visite aux pieux. Nous
avons appris qu’il y avait à Bagdad un homme du nom de Youssouf
al-Hamadani qui était connu comme al-Ghawth, et qu’il était
capable d’apparaître et de disparaître toutes les fois
qu’il le voulait. Ainsi, donc je décidai de lui rendre visite
avec Ibn al-Saqa et Cheick `Abd al-Qadir al-Gilani, qui était jeune
en ce temps-là. Ibn al-Saqa dit, «Lorsque nous visiterons
Youssouf al-Hamadani, je lui poserai une question dont il ne connaîtra
pas la réponse.» Je dis: «Je vais lui poser aussi une
question et je veux voir ce qu’il va dire.» Cheick `Abd al-Qadir
al-Gilani dit: «O Allah, épargne-moi de questionner un saint
comme Youssouf al-Hamadani, mais j’irai en sa présence pour
solliciter sa baraka – bénédiction –
et sa connaissance divine.»
«Nous
entrions dans son cercle d’étude. Il se rendit invisible
et nous n’arrivions pas à le voir pendant un certain temps.
Il regarda sévèrement Ibn al-Saqa et dit: «O Ibn al-Saqa,
comment oses-tu me poser une question alors que ton intention est de me
confondre? Ta question est celle-ci et ta réponse est celle-là!»
Ensuite il dit: «Je vois le feu de la mécréance brûlé
dans ton cœur.» Il me regarda et dit, «O `Abd Allah,
es-tu en train de me poser une question et attendre ma réponse?
Ta question est celle-ci et ta réponse celle-là. Les gens
sont mécontents de toi parce que leur attention est distraite par
ton manque de respect à mon égard.» Ensuite il regarda
Cheick `Abd al-Qadir al-Gilani, le fit asseoir près de lui et l’honora.
Il dit: «O `Abd al-Qadir, tu as satisfait Allah et Son Prophète
par ton respect pour moi. Je te vois assis dans le futur à la plus
haute place à Bagdad, prêchant, enseignant aux gens et leur
disant que tes pieds sont sur le cou de chaque wali! Et, je vois, chaque
wali de ton temps te donner la préséance à cause
de ton rang et ton honneur.»
Ibn
Abi `Asroun continue, «La renommée d’Abd al-Qadir devint
très populaire et tout ce que Cheick al-Hamadani avait dit à
son sujet arriva. Il fut un temps où il dit, «Mes pieds sont
sur le cou de tous les awliya,» et il fut une référence
et un flambeau en son temps, illuminant les gens jusqu’à
leur destination.
Le
sort d’Ibn al-Saqah fut autre chose. Il était brillant dans
sa connaissance de la loi divine. Il devançait tous les savants
de son temps. Il avait l’habitude de débattre avec les savants
de son temps et les vaincre, jusqu’à ce que le caliphe l’admit
dans son cercle. Un jour le calife l’envoya comme émissaire
chez le Roi de Byzance, qui à son tour fit appel à tous
ses prêtres et savants de la religion Chrétienne pour débattre
avec lui. Ibn al-Saqa les vaincu tous. Ils furent incapables de donner
des réponses en sa présence. Il leur donna des réponses
qui les rendirent comme des enfants et de simples élèves
en sa présence.
Sa
brillance fascina tellement le Roi de Byzance qu’il l’invita
à une rencontre privée avec la famille royale. A cette rencontre,
il vit la fille du Roi. Il tomba immédiatement amoureux d’elle,
et il demanda au Roi la permission de l’épouser. Elle refusa
à moins qu’il accepta sa religion. Il accepta, abandonnant
ainsi l’Islam et acceptant la religion Chrétienne de la princesse.
Après son mariage, il tomba sérieusement malade. Ils le
chassèrent du palais. Il devint un mendiant dans la ville, quémandant
de la nourriture, mais personne ne lui en fournissait. L’obscurantisme
s’abattit sur son visage.
Un
jour, il vit quelqu’un qu’il connaissait. Cette personne rapporte:
«je lui demandai, qu’est-ce qui t’es arrivé?»
Il répondit: «Il y avait une tentation et j’y suis
tombé.» L’homme lui demanda: «Te souviens-tu
de quelque chose du Coran?» Il répondit: «Je me souviens
seulement de roubbana yawaddu al-ladhina kafarou law kanou muslimin…«Encore
ceux qui mécroient voudraient avoir été Musulmans»
(15:2).
Il
tremblait comme s’il allait rendre son dernier souffle. Je le tournai
en direction de la Ka`aba, mais il ne faisait que se tourner en direction
de l’est. Encore, je le tournai en direction de la Ka`aba, mais
il tourna en direction de l’Est. Je le tournai pour une troisième
fois en direction de la Ka`aba, mais il se retourna en direction de l’Est.
Comme son âme alors le quittait, il dit: «O Allah; ceci est
le résultat de mon manque de respect à Ton saint, Youssouf
al-Hamadani.»
Ibn
Abi `Asroun continue: «Je partis à Damas et le Roi là-bas,
Nour al-Din al-Chahid, m’offrit le contrôle du département
des affaires religieuses que j’acceptai. En conséquence,
la dunya entra de tous les côtés: provisions, subsistance,
l’honneur, l’argent, et une position pour le reste de ma vie.
Ceci est ce que le ghawth Youssouf al-Hamadani avait prédit pour
moi.»[171]
Ibn
al-Jawzi (d.597)
Ce
maître de hadiths et historien de l’école Hanbali était
un ennemi farouche des innovateurs de son temps.[172]
Son Talbis Iblis (L’illusion de Satan) est souvent cité
par les “Salafis” pour s’opposer au tassawwouf,
mais en réalité il le rédigea seulement contre certains
excès qu’il observa dans tous les groupes de la communauté,
dont les savants de tous genres y compris les Soufis.
Talbis
Iblis est peut-être le seul et le plus important facteur existant
exprimant la notion d’hostilité d’Ibn al-Jawzi envers
le tassawwouf. En réalité, cette œuvre ne
fut pas écrite en guise d’hostilité contre le tassawwouf
et les Soufis. C’est une critique de toutes les doctrines et
pratiques, peu importe leurs sources, et opposées à tout
ce qu’il considérait d’innovations injustifiées
dans la Chari`a, où que ce soit dans la communauté
Musulmane de son temps. Ce fut écrit contre des pratiques spécifiques
innovées de plusieurs groupes, y compris les philosophes (al-moutafalsifa),
les théologiens (al-moutakallimoun), les savants de hadiths
(`oulama´ al-hadith), les juristes (al-fouqaha´),
les prêcheurs (al-wou`az), les philologues (al-nahawiyyoun),
les poètes (al-chou`ara´), et certains Soufis. Ce
ne fut en aucun cas, une critique des sujets qu’ils étudièrent
ou enseignèrent, mais une critique contre des introductions spécifiques
d’innovations dans leurs disciplines et champs respectifs.
Ibn
al-Jawzi rédigea plusieurs livres de “mérites”
(manaqib) au sujet des premiers Soufis dont Manaqib Rabi`a
al-`Adawiyya, Manaqib Bishr al-Hafi, et autres. Son Sifat al-safwa
(Les manières des élites) un abrégé du Hilyat
al-awliya´ (L’ornement des saints) d’Abou Nou`aym,
et son Minhaj al-qassidin wa moufid al -sadiqin (La voie des
voyageurs vers Allah et le dirigeant à la vérité)
sont considérés comme des piliers dans le champ du tassawwouf.
Il fut encouragé à écrire le dernier livre à
cause du succès du Ihya´ `ouloum al-din de Ghazali,
et en vérité le Minhaj adopte en majorité
la méthodologie et le language du Ihya´ en addition au fait
qu’il traite du même sujet, l’auto-purification et les
éthiques personnelles.
Le
Minhaj fut résumé en un volume par Najm al-Din
Abou al-`Abbas Ahmad ibn Qoudama (d.742). Voici certains de ses titres
de chapitres et extraits les plus illustratifs de l’influence de
Ghazali sur Ibn al-Jawzi et l’adoption des terminologies Soufies
de ce dernier:
·
Fasl `ilm alwal al-qalb (Section sur les sciences des états
du cœur)
· Fasl fi qaqa’iq al-adab al-batina wa al-ishara ila
adab al-hajj (Section sur les éthiques des secrets du Pèlerinage)
· Kitab riyad al-nafs wa tahdhib al-khoulouq wa mou`alajat
amrad al-qalb (Le livre du dressage de l’égo, l’éducation
du caractère et le traitement des maladies du cœur)
· Fasl fi fa’idat shahawat al-nafs (La section sur
le bénéfice de l’appétit de l’égo)
· Bayan al-riya´ al-ladhi houwa akhfa min dabib al-naml
(L’exposition de l’ostentation cachée qui est plus
sournois que le bruit des pas d’une fourmi)
· Fasl fi bayan ma youhbitou al-`amal min al-riya' wa ma la
youhbit (La section de l’exhibition de l’ostentation
qui annule les actions de l’un et l’ostentation qui n’en
fait pas)
· Fasl fi dawa' al-riya' wa tariqatou mou`alajat al-qalbi fih
(La section sur les remèdes de l’ostentation et la voie
du traitement du cœur et de ses maux)
· Kitab al-mahabba wa al-chawqi wa al-ounsi wa la-rida
(Le livre de l’amour, le désir passionné, la familiarité
et le bon plaisir)
· Fasl fi bayan mi`na al-shawq ila allahi ta`ala (La section
définissant le sens de l’amour passionné pour Allah)
· Bab fi al-mouhassaba wa al-mouraqaba (Chapitre sur l’auto-méditation
et la vigilance)
-
al-maqam al-awwal: al-moucharata (Le premier niveau: l’engagement)
- al-maqam al-thani: al-mouraqaba (Le deuxième niveau:
la vigilance)
- al-maqam al-thalith: al-mouhassaba ba`da al-`amal (Le troisième
niveau: l’auto-jugement après une action)
- al-maqam-al-rabi`: mou`aqabat al-nafs `ala taqsiriha (Le quatrième
niveau: réprimander l’égo pour ses défauts)
- al-maqam al-khamis: al-moujahada (Le cinquième niveau:
la lutte)
- al-maqam al-sadis: fi mou`atabat al-nafs wa tawbikhiha (Le
sixième niveau: réprimander et critiquer sévèrement
l’égo)
Abou
Bakr al-Siddiq dit: «Quiconque hait son égo pour la cause
d’Allah, Allah le protégera contre ce qu’Il hait.»
Anas
dit: «`J’entendis `Oumar dire, un jour, qu’ il était
seul derrière un mur: «Bakh, bakh! Bravo, bien fait, O mon
égo! Par Allah, tu es mieux d’avoir peur d’Allah; O
petit enfant de Khattab, autrement je te punirai!»
Al-Bakhtari
ibn Haritha dit: «Je vis l’un des adorateurs assis devant
un feu qu’il avait allumé et il punissait son égo;
et il ne cessa de le punir jusqu’à ce qu’il mourru.»
L’un
d’entre eux dit: «Lorsque les saints sont mentionnés,
je me dis: Mépris à toi O mon nafs et mépris
à toi encore O mon nafs.»
Sache
que ton pire ennemi est ton égo qui réside entre tes deux
flancs. Il a été créé comme un tyran ordonnant,
et te poussant toujours vers le mal, on t’a ordonné de le
dresser, le purifier (tazkiyat), le sevrer de ce dont il se nourrit,
le trainer en chaîne, le soumettre à l’adoration de
son Seigneur.[173]
Imam
Fakr al-Din Razi (d.606)
«Un
savant Chafi`i de génie et un Imam moujtahid en
doctrine de la foi, il fut parmi les figures les plus en vue de son temps
dans la maîtrise de la logique et les sciences traditionelles Islamiques,
et il préserva la religion d’Ahl al-Sunna de la
déviation des Mou`tazilites, des Chïites, des Anthropomorphistes
et autres sectes aberrantes de son temps.»
Il
rédigea dans son I`tiqadat firaq al-mouslimim wa al-mouchrikin:
Le
sommaire de ce que disent les Soufis c’est que la voie de la connaissance
d’Allah est l’auto-purification et la renonciation à
l’attachement matériel, et ceci est une excellente voie…
Les Soufis sont un groupe qui travaille avec réflection sur le
détachement du soi et des pièges de la vie matérielle.
Ils luttent afin que leurs cœurs soient uniquement occupés
avec le souvenir d’Allah dans toutes leurs besognes et actions,
et ils sont caractérisés par la perfection de leurs manières
dans les relations avec Allah. En vérité ce sont les meilleurs
de toutes les races des êtres humains.[174]
Abou
al-Hassan al-Chadhili (d.656)
L’un
des grands saints de la Communauté, dit au sujet du tassawwouf:
Celui
qui meurt sans être entré dans cette connaissance qui est
la nôtre meurt en insistant sur ses péchés graves
(kaba'ir) sans le réaliser.[175]
Soultan
al-`Oulama' al-`Izz ibn `Abd al-Salam al-Soulami (d.660)
Son
surnom est «Le Sultan des Savants.» Le Cheick al-Islam
de son temps, il étudia le hadith sous le hafiz al-Qassim ibn `Ali
ibn `Assakir al-Dimachqi, et le tassawwouf sous le cheick
al-Islam Chafi`i Chihab al-Din al-Souhrawardi (539-632), lequel al-Dhahabi
appelle: «Le cheick, l’imam, le savant, le zahid,
le connaisseur, le mouhaddith, le Cheick al-Islam, le
hors pair des Soufis…»[176] Il étudia
aussi sous Abou al-Hassan al-Chadhili (d.656) et son disciple al-Moursi.
L’auteur de Miftah al-sa`ada et al-Soubki dans son Tabaqat
rapportent qu’al-`Izz disait à chaque fois qu’il entendait
al-Chadhili et al-Mourssali parler: «Ceci est le genre de discours
qui vient fraîchement d’Allah.»[177]
Dans ses deux volumes Qawa`id al-ahkam fi massalih al-anam sur
ousoul al-fiqh il mentionne que les Soufis sont ceux au sujet
desquels Allah dit: «Le parti d’Allah»
(5:56, 58:22), il définit le tassawwouf comme «l’amélioration
des cœurs à travers lesquels la santé des corps est
saine et à travers lesquels les maladies des corps sont des maux.»
Il considéra la connaissance des règles légales externes
comme une connaissance de la Loi dans ses généralités,
tandis que la connaissance des matières internes est une connaissance
de la Loi dans ses détails les plus fins.[178]
Parmi
ses livres sur le tassawwouf il y a:
·
Charjarat al-ma`arif wa al-ahwal wa salih al-aqwal wa al-a`mal
(L’arbre des sciences gnostiques, états, déclarations
pieuses et actions) s’étendant sur vingt chapitres dont les
septs derniers sont consacrés aux branches variées de l’ihsan
dans la religion du croyant;
· Moukhtassar ri`ayat al’Mouhassibi, un abrégé
du livre d’al-Mouhassibi sur l’Observance des droits d’Allah;
· Massa'il al-tariqa fi `ilm al-haqiqa (Questions sur
la voie Soufie concernant la connaissance de la Réalité)
dans lequel al-`Izz répond à soixante questions au sujet
du tassawwouf;
· Rissala fi al-qutb wa al-abdal al-arba`in (Traité
sur le Pôle des saints et les quarantes successeurs);
· Fawa'id al-balwa wa al-mihan (Les bénéfices
des épreuves et des afflictions);
· Nihayat al-roughba fi adab al-souhba (L’obtention
des vœux dans l’étiquette de la compagnie).
Malgré
sa rigueur en toute matière, il est très connu pour son
acceptation de la sama` ou les récitals poétiques,
les mouvements du corps et la danse[179] associés
avec des transes et autres états d’extase au cours du dhikr.
L’Imam Ahmad rapporta dans son Mousnad:
`Ali
dit: Je visitai le Prophète avec Ja`far (ibn Abi Talib et Zayd
(ibn Haritha). Le Prophète dit à Zayd: «Tu es mon
homme affranchi» (anta mawlay), à la suite duquel
Zayd commença à sautiller sur son pied autour du Prophète
(hajala). Le Prophète dit ensuite à Ja`far: «Tu
me ressembles dans ma création et dans mes manières»
(anta achbahta khalqi wa khoulouqi), à la suite duquel
Ja`far commença à sautiller derrière Zayd. Le Prophète
me dit ensuite: «Tu fais partie de moi et je fais partie de toi»
(anta minni wa ana minka) je commençai à sautiller
derrière Ja`far.[180]
Cheick
al-Islam Ibn Hajar al-Haytami mentionne que certains savants ont déduit
à partir de cette évidence la permissibilité de danser
(al-raqs) à l’écoute d’un récital
qui élève l’esprit.[181] al-Yafi`i
est en accord avec lui dans Mir'at al-jinan.[182]
Les deux mentionnent al-'Izz ibn `Abd al-Salam comme l’exemple parfait
de tel savants dans la mesure où il est authentiquement rapporté
que lui-même «prit part au sama`et dansa en état
d’extase» (kana yahdourou al-sama` wa yarqoussou wa yatawajadou),
comme cela est confirmé par Ibn al-`Imad sur l’autorité
d’al-Dhahabi, Ibn Chakir al-Koutabi, al-Yafi`i, al-Nabahani et Abou
al-Sa`adat.[183]
Cette
permissibilité d’un type de danse de la part des Imams et
des maîtres de hadiths exclue l’interdiction du sama`
sur une base générale, aussi bien que la danse qui accompagne
la sama`, sans égard aux réserves d’Ibn Taymiyya
à ce sujet. Dans le langage des «Salafis» d’aujourd’hui,
cela devient un interdit nul et non avenu.
Quant
aux cas particuliers où la danse peut être interdite, il
s’agit là des genres mondains de danse efféminée
qui n’a rien avoir avec l’extase du sama` et du dhikr.
Al-`Izz ibn `Abd al-Salam différencia les deux types dans ses Fatwas:
Danser
est une bid`a ou une innovation qui n’est approuvé
que par celui qui a une carence dans l’esprit. Elle n’est
convenable que pour les femmes. En ce qui concerne l’écoute
de la poésie (sama') qui excite vers les états
de la pureté (ahwal saniyya), qui rappelle l’au-delà:
il n’y a rien de mal en cela, au contraire cela est recommandé
(bal youndabou ilayh) pour les cœurs tièdes et endurcis.
Cependant, celui qui dissimule des idées malsaines en son cœur
il ne lui est pas permis de prendre part au sama', car le sama'
excite tout désir déjà présent dans le cœur,
le désirable et le détestable.[184]
Il
dit aussi dans son Qawa`d al-ahkam:
Danser
et applaudir sont une mauvaise manifestation ressemblant à celle
des femmes que personne ne tolère sauf les hommes frivoles et les
menteurs… quiconque comprend la grandeur d’Allah ne peut s’imaginer
en train d’applaudir et de danser car ces actes ne sont performés
que par l’ignorant grossier, non par ceux qui ont un mérite
et une intelligence et la preuve de leur ignorance est que la Chari`a
n’a cité aucune preuve de ces actions dans le Coran et la
Sunna, et aucun des Prophètes et leurs illustres compagnons ne
le firent.[185]
al-`Izz
sur la Supériorité du Rang des awliya' Sur Celui des `oulama
Al-`Izz
ibn `Abd al-Salam fut questionné dans sa Fatwa au sujet
de la validité des déclarations de Qouchayri et Ghazali
¨que le plus haut niveau parmi les serviteurs d’Allah après
les Messagers et Prophètes est celui des saints (awliya'),
suivi de celui des savants (`oulama'). Il répondit:
Concernant
la priorité des connaisseurs d’Allah sur les connaisseurs
des lois d’Allah, les dires des maîtres Qouchayri et Abou
Hamid (al-Ghazali) sont confirmés. Aucune personne, dotée
de sens, ne doute que les connaisseurs d’Allah… non seulement
sont les meilleurs que les connaisseurs des lois d’Allah, mais sont
aussi meilleurs que ceux qui connaissent les branches et les racines de
la religion, parce que le rang d’une science est selon ses buts
immédiats… La plupart du temps les savants sont voilés
par leur connaissance qu’ils ont d’Allah et de Ses attributs,
autrement dit, ils seraient parmi les gnostiques dont la connaissance
est continue, comme cela convient à la demande de la vraie vertu.
Et, comment les gnostiques et les juristes puissent être les mêmes
quand Allah dit: «Le plus noble parmi vous, auprès
d’Allah est le plus pieux» (49:13)?.. et par les
«savants» (`oulama´) quand Il dit «Parmi
Ses serviteurs, seuls les savants craignent Allah» (35:28),
Il fait cas de ceux qui Le connaissent, de même que Ses attributs,
et Ses actions, et non ceux qui connaissent Ses lois… Un signe de
la supériorité des gnostiques par rapport aux juristes est
qu’Allah fait des miracles aux mains des premiers, mais jamais aux
mains du deuxième groupe, à l’exception de ceux qui
entrent dans la voie des gnostiques et acquièrent leurs caractéristiques.[186]
Ce
ne fut pas nécessaire qu’al-`Izz introduise les savants de
hadiths dans la mesure où ceux-ci sont considérés
d’un niveau inférieur aux savants de fiqh et sont par conséquent
inclus avec eux en-dessous des saints. Ibn Abi Zayd al-Maliki rapporte
Soufyan ibn `Ouyayan disant: «L’hadith conduit à l’égarement
sauf les fouqaha´,» et le compagnon de Malik, Ibn
Wahb dit: «Tout maître de hadith qui n’a pas d’Imam
en fiqh est égaré (dall). Si Allah ne nous avait pas sauvé
avec Malik et al-Layth, nous aurions été égarés.»[187]
Nous avons déjà mentionné l’avertissement de
l’Imam Malik ¨ que la religion ne consiste pas en la narration
de quantité de hadiths mais plutôt en la lumière qui
prend siège dans la poitrine.
Imam Nawawi (d.676)
L’un
des grands savants Soufis, le plus stricte des maîtres de hadiths
des temps derniers et le plus méticuleux des juristes, Cheick al-Islam
Mouhyiddin Yahya ibn Charaf al-Nawawi est avec al-Rafi`i les principales
références de l’école Chafi`i des
derniers temps. Ses livres restent toujours d’autorité dans
la méthodologie de la loi, dans le commentaire du Coran et dans
le hadith. Son commentaire de sahih Mouslim est en deuxième
position après celui d’Ibn Hajar sur sahih Boukhari.
Allah donna à sa fameuse compilation de Quarante Hadiths probablement
plus de renommée et d’audience que tout autre livre de haditha,
qu’il soit volumineux et petit, et permis à Nawawi d’être
d’un immense bénéfice à la Communauté
Islamique.
Nawawi était considéré comme un Soufi et un saint,
comme cela est évident par les titres de quelques uns de ses travaux
et celui de la biographie de Sakhawi intitulé Tarjamat cheick
al-islam, qoutb al-awliya' al-kiram, faqih al-anam, mouhyi al-Din al-Nawawi
(La biographie du Cheick de l’Islam, le Pôle des Nobles Saints,
le Juriste de l’humanité, le Revivicateur de la Sunna
et le Défenseur contre les innovations… al-Nawawi.)
Nawawi
écrit dans son petit ouvrage intitulé al-Maqassid fi
al-tawhid wa al-`ibada wa ousoul al-tassawwouf (Les buts de l’unicité,
l’adoration et les fondations de l’auto-purification):
Les
spécifications de la Voie des Soufis sont de cinq:
1.
garder la Présence d’Allah en son cœur en public comme
en privée;
2. pratiquer la Sunna du Prophète dans l’action comme dans
le parlé;
3. se retirer des gens et ne pas avoir recours à eux;
4. être satisfait avec ce qu’Allah te donne même si
cela est peu;
5. avoir toujours recours à Allah pour tous ses problèmes.[188]
Il
rendit l’âme avant qu’il ne puisse finir son Boustan
al-arifin fi al-zouhd wa al-tassawwouf (Le jardin des gnostiques
dans l’ascétisme et l’auto-purification), qui est une
collection précieuse des dires des premières et dernières
générations des maîtres de tassawwouf élaborant
sur quelques points de l’auto-purification. En voici quelques extraits:
Al-Chafi`i
(qu’Allah lui accorde Sa Miséricorde) dit: «Seul le
sincère (moukhlis) connait ce qu’est l’hypocrisie
(riya').» Ceci signifie qu’il est impossible de connaitre
la réalité de l’hypocrisie et voir ses aspects cachés
sauf pour celui qui cherche de manière résolue la sincérité
(arada). Celui-ci, lutte pendant une longue période, cherchant,
méditant et examinant profondément en lui-même jusqu’à
ce qu’il sache ou connaisse quelque chose au sujet de ce qu’est
l’hypocrisie. Cela n’arrive pas à tout le monde. En
vérité, ceci arrive seulement aux élites (al-khawass).
Mais pour un individu donné, affirmer qu’il connait ce qu’est
l’hypocrisie est signe d’ignorance de sa part.
Je
mentionnerai, dans ce livre, un chapitre par la volonté d’Allah,
dans lequel tu verras un type de merveille qui rafraîchira tes yeux.
Pour illustrer l’étendue de la dissimulation de l’hypocrisie,
nous avons seulement besoin de rapporter le récit suivant de la
part du Professeur et Imam Abou al-Qassim al-Qouchayri, qu’Allah
répande Sa miséricorde sur lui, extrait de sa Rissala
avec notre isnad mentionné auparavant.
Il
dit: «j’entendis Mouhammad ibn al-Houssayn dire: J’entendis
Ahmad ibn Ali Jafar dire: J’entendis al-Hassan ibn Alawiyya dire:
Abou Yazid [al-Bistami], qu’Allah soit satisfait de lui, dit: J’étais
pendant douze années le forgeron de mon égo (haddadou
nafsi), puis pendant cinq années je devint le miroir de mon
cœur (mir'atou qalbi), puis pendant une année je
regardai ce qui reposa entre les deux, et je vis autour de moi une ceinture
visible [c’est-à-dire de koufr = signe vestimentaire
d’un sujet non-musulman d’un état Islamique]. Alors,
j’ai luttai pendant douze années pour la couper et je la
vis encore, et je la vis cachée autour de moi. Ensuite, je m’attelai
pendant cinq années à voir comment la couper. Alors, je
fus dévoilé (kouchifa li) et lorsque je regardai
la création, je vis qu’ils étaient tous morts. Je
récitai alors la prière funèbre sur eux.»
Je
dis: Cette hypocrisie étant aussi énigmatique que les maîtres
de cette voie [c’est-à-dire le tassawwouf] qui n’ont
pas d’égal montre combien de fois il reste dissimulé.
Sa phrase: «Je les vis tous morts» est le sommet de la valeur,
de la beauté et la rareté autre que les mots du Prophète,
la Paix et la Bénédiction d’Allah sur lui, regorge
d’une telle richesse en significations. Je toucherai brièvement
à ces significations. Le sens est qu’après qu’il
ait lutté longtemps et difficilement et que son égo ait
été discipliné et son cœur illuminé,
et lorsqu’il eu conquis son égo et soumis et achevé
une complète maîtrise sur lui et qu’il l’a totalement
assujeti à lui, à ce moment, il regarda toutes les créatures
et trouva qu’elles étaient toutes mortes et sans pouvoir:
elles
ne peuvent faire du tort ni être bénéfiques
elles ne peuvent donner ni retirer
elles ne peuvent donner ni la vie ni la mort
elles ne peuvent communiquer ni trancher
elles ne peuvent transmettre ni oter
elles ne peuvent rendre heureux ni rendre triste
elles ne peuvent accorder ni dépriver
elles ne possèdent pour elle-même ni bénéfice,
ni tort, ni mort, ni vie, ni résurrection.
Ceci,
donne les caractéristiques de la mort aux êtres humains:
ils sont considérés morta dans toutes les conditions ci-dessus
mentionnées, ils ne sont ni craints ni suppliés, ce qu’ils
possèdent n’est pas convoité, ils ne sont ni attrayants
ni flatteurs, personne ne leur donne une attention, ils ne sont pas enviés
ni dénigrés, leurs défauts ne sont pas mentionnés
ni leurs fautes poursuivies et exposées, personne n’est jaloux
d’eux ni ne pense aux faveurs qu’ils ont reçues d’Allah,
et ils sont pardonnés pour leurs erreurs, quoique les punitions
légales leur sont appliquées selon la Loi. Mais, ’application
d’une telle punition n’exclue pas ce que nous avons mentionné
auparavant, ni elle exclue notre effort de couvrir leurs erreurs sans
au moins les dissuader.
Voici
comment les morts sont vus. Et si quelqu’un mentionne les êtres
humains de manière déshonorable nous lui interdisons de
sonder ce sujet de la même manière que nous l’aurions
fait s’il devait examiner un mort. Nous ne faisons rien pour leur
intérêt nous les Lui laissons. Et, nous ne nous arrêtons
plus à exécuter un acte d’obéissance envers
Allah à leur sujet que nous le faisons au sujet d’un mort,
et nous ne les louons pas. Et, nous n’aimons pas non plus leurs
louanges à notre égard ni haïssons leurs insultes,
et nous ne leur rendons pas la pareille.
En
résumé, ils sont comme s’ils n’existaient pas
. Ils sont sous la complète attention et juridiction d’Allah.
Quiconque a des rapports avec eux de cette manière, a combiné
le bien de l ‘autre monde et celui d’ici-bas. Puisse Allah
Le Généreux nous donner le succès dans cet l’achèvement.
Ces quelques mots sont suffisants pour expliquer les dires d’Abou
Yazid al-Bistami, qu’Allah soit satisfait avec lui.[189]
al-`Izz
b. `Abd al-Salam b. Ahmad b. `Anim al-Maqdissi (d.678)
Nous
mentionons ce wa`iz (prêcheur) parce qu’il a été
souvent confondu avec Izz al-Din ibn Abd al-Salam al-Soulami, et ses brèves
œuvres sur le tassawwouf sont attribuées par erreur
à ce dernier. Dans cet ouvrage intitulé différentes
façons : Hall al-roumouz wa mafatih al-koumouz et Zabad
khoulasat al-tassawwouf, al-Maqdissi divise les niveaux du soulouk
ou voies spirituelles en trois voies qui correspendent à la définition
du Prophète au sujet de la Religion dans le hadith de Jibril:
L’Islam
est le premier des niveaux de la Religion, caractérisant le commun
des croyants;
L’Iman est le premier pas de l’échelle du
cœur, et il caractérise l’élite des croyants;
L’Ihsan est le premier pas de l’échelle de
l’esprit, et il caractérise l’élite de ceux
qui sont rapprochés.[190]
Ibn Taymiyya (d.728)
Ses
admirateurs citent ce juriste et maître de hadiths de l’école
Hanbalite comme un ennemi des Soufis, et il est la principale autorité
dans la campagne des «Salafis», responsables du climat actuel
de fanatisme injustifié et l’encouragement à l’ignorance
au sujet du tassawwouf. Pourtant, Ibn Taymiyya était lui-même
un Soufi. Cependant, les «Salafis» sont très minutieux
à ne jamais présenter le Soufi Ibn Taymiyya, ce qui gênerait
sévèrement leur scénario il le présente comme
purement un anti-Soufi.
Les
discours d’Ibn Taymiyya sur le tassawwouf sont criblés de
contradictions et d’ambiguités. On peut dire que quoiqu’il
nivella toutes sortes de jugements sur les Soufis, il fut incapable de
nier la grandeur du tassawwouf au sujet duquel la Communauté fut
longtemps unanime bien avant que lui-même n’apparaisse. En
conséquence, il affronta le tassawwouf, questionnant ces
Soufis contemporains, et réduisant la primauté des élites
des Musulmans à de la banalité, et au même moment
il se vante d’être un Soufi Qadiri dans une chaîne
directe de succession à Cheick `Abd al-Qadir al-Gilani, comme nous
le montrerons dans les lignes qui suivent.
Il
doit être clair dans l’esprit des lecteurs que la raison pour
laquelle nous citons ces évidences n’est pas que nous considérons
Ibn Taymiyya comme une figure représentative du tassawwouf. A notre
point de vue, il ne représente ni le tassawwouf ni l’aqida
de Ahl al-Sunna. Cependant, nous citons ces points de vues seulement
pour démontrer que sa présentation erronée par les
Orientalistes et les «Salafis» comme un ennemi du tassawwouf
ne relève pas d’un examen minutieux. Sans tenir compte des
opinions d’un groupe ou de l’autre, les faits montrent des
évidences claires que Ibn Taymiyya n’avait pas d’autre
choix que d’accepter le tassawwouf et ses principes, et
que lui-même se réclama être un Soufi, et se para également
du manteau (khirqa) de cheick dans l’ordre Soufi Qadiri.
Nous
avons déjà cité l’admiration d’Ibn Taymiyya
pour `Abd al-Qadir Gilani auquel il attribut le titre de mon «Cheick»
(cheickhouna) et de mon «maître» (sayyidi)
dans son entière Fatawa. Les inclinations d’Ibn Taymiyya
pour les Soufis et sa révérence pour `Abd al-Qadir al-Gilani
sont aussi témoignées à travers son commentaire de
cent pages sur Foutouh al-ghayb, couvrant seulement cinq des
soixante-dix-huit sermons du livre, mais montrant qu’il considéra
le tassawwouf comme essentiel dans la vie de la Communauté
Islamique.[191]
Dans
son commentaire Ibn Taymiyya met l’accent sur le fait que la primauté
de la Chari`a est la tradition de base dans le tassawwouf, et
pour supporter ce point il donne une liste de plus d’une douzaine
des premiers maîtres, aussi bien que des cheicks contemporains de
son temps dont ceux de son école Hanbali, al-Ansari al-Harawi et
`Abd al-Qadir al-Gilani, et le cheick de ce dernier, Hammad al-Dabbas:
Les
élites parmi les pratiquants de cette Voie -- comme la majorité
des premiers cheicks (chouyoukh al-salaf) dont Foudayl ibn `Iyad,
Ibrahim ibn Adham, Ma`rouf al-Karkhi, al-Sari al-Saqati, al-Jounayd ibn
Mouhammad, et autres de la première génération des
maîtres, aussi bien que Cheick `Abd al-Qadir, Cheick Hammad, Cheick
Abou al-Bayan et autres maîtres qui sont apparus plus tard –
n’ont pas permis aux pratiquants de la voie Soufie de se démarquer
des interdits et ordres de la législation divine, même si
cette personne a volé dans les airs ou a marché sur l’eau.[192]
Quelque
part encore, dans son al-rissala al-safadiyya, Ibn Taymiyya défend
les Soufis comme ceux qui appartiennent à la voie de la Sunna et
la représentent dans leurs enseignements et écrits:
Les
grands cheicks mentionnés par Abou `Abd al-Rahman al-Soulami dans
Tabaqat al-soufiyya, et Abou al-Qassim al-Qouchayri dans al-Rissala,
étaient adhérants de l’école d’Ahl
al-Sunna wa al-Jama`a et de l’école d’Ahl
al-hadith, comme al-Foudayl ibn `Iyad, al-Jounayd ibn Mouhammad,
Sahl ibn `Abd Allah al-Toustari, `Amr ibn`Outhman al-Makki, Abou `Abd
Allah Mouhammad ibn Khafi al-Chirazi, et autres; et leurs discours étaient
fondés sur la Sunna , et ils rédigèrent
des livres au sujet de la Sunna.[193]
Dans
son traité sur la différence entre les formes permises de
la prière et celles innovées, intitulé Rissala
al-ibadat al-chariyya wal-farq baynaha wa bayn al-bidiyya, Ibn Taymiyya
déclare sans erreur que la voie licite est la voie de «ceux
qui suivent la voie Soufie» ou «la voie de l’auto-négation»
(zouhd) et ceux qui suivent «ce qui est appelé pauvreté
et tassawwouf», c’est-à-dire les fouqara
et les Soufis:
Le
licite c’est ce par quoi on se rapproche d’Allah. C’est
la voie d’Allah. C’est la vertuosité, l’obéissance,
les bonnes actions, la charité et la justice. C’est le chemin
de ceux qui sont sur la voie Soufie (al-salikin), et la méthode
de ceux qui ont l’intention d’atteindre Allah et de L’adorer;
c’est celle qu’entreprend quiconque désire Allah et
suit la voie de l’auto-négation (zouhd) et les pratiques
religieuses, et ce qui est appelé pauvreté, tassawwouf etc…[194]
En
ce qui concerne l’enseignement d’`Abd al-Qadir sur le fait
que le salik ou l’aspirant Soufi doit s’abstenir
des désirs permis, Ibn Taymiyya commence par déterminer
que l’intention d’`Abd al-Qadir est que ce dernier renonce
à ces choses permises qui ne lui sont pas imposées par la
loi parce qu’il peut y avoir un danger pour lui. Mais jusqu’à
quel point? Si l’Islam est essentiellement apprendre et appliquer
les commendements Divins, il doit y avoir un moyen pour celui qui s’efforce
sur la voie de déterminer la volonté d’Allah dans
chaque situation particulère. Ibn Taymiyya reconnaît que
le Coran et la Sunna ne peuvent pas couvrir explicitement tout
événement spécifique dans la vie de tout croyant.
Encore, si le but de la soumission à la volonté et au désir
d’Allah doit être accompli par ceux qui veulent L’atteindre,
il doit y avoir une voie pour celui qui y lutte de s’assurer du
commandement Divin dans toute sa particularité.
La
réponse d’Ibn Taymiyya est d’appliquer le concept légal
d’ijtihad à la voie spirituelle, spécifiquement
à la notion d’ilham ou inspiration. Dans ses efforts
d’unir sa volonté avec celle d’Allah, le vrai Soufi
atteind un état où il ne désire rien d’autre
que de découvrir la plus belle œuvre, l’action la plus
plaisante et la plus aimée d’Allah. Lorsque les données
légales extérieures ne peuvent plus le diriger dans ces
matières, il peut compter sur les notions d’inspiration (ilham)
et de perception intuitive (dhawq) du Soufi:
Si
le disciple a créativement employé ses efforts aux indications
externes de la Char`ia
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Encyclopédie de la doctrine islamique, Cheikh Mouhammad Hisham Kabbani
Suite et fin des dires des imams
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